Mon travail est fondé, par la manière de peindre,
sur l’expérimentation de l’OMBRE et sur la tradition de la peinture
chinoise,
au travers de thèmes comme le trait de
pinceau, l’intention de l’aspiration/du souffle, le regard, la forme, la manière
de
l’installation, la simplicité, le vide
(entrer) et le plein (sortir)… La démarche « ombre » rassemble les questions
des
thématiques « un simple regard
(le trait de pinceau) » et « le tension de l’aspiration»
Pourquoi et pour quoi est l’ombre ?
En chinois un même mot « ombre » (?YING) signifie à
la fois apparence/phénomène et ombre (reflet/ombre/lumière). Dans
mon expérimentation, dans le contact
avec le papier et l’air, l’ombre exprime une aspiration invisible. Il faut
apercevoir un
mouvement de fluidité et de
non–obstruction de l’ombre elle-même, dans l’allure « légère et dégagée ».
Les ombres sont une
image étrange dont la
tension-intentionnalité est de « vouloir traverser » ; car c’est à l’instar du
grand processus des choses
qui ne cessent de faire alterner
patent et latent, transparence et opacité, puis l’opacité et un retour à la
transparence, que le
pinceau fait le trait de l’ombre qui «
reprend » et «re-rend », qui peint en plein et laisse évasif ; ou que l’ombre
est aussi
foncièrement entre vide et plein que
le monde est entre émergence et immergence, manifestation et retrait manifeste.
Par la
tension-aspiration, c’est ce flux
incitatif que propose l’ombre, à la limite du visible et jaillissant de
l’invisible, à la transparence
et l’opacité, vers quoi elle fait
remonter, qu’il s’agisse de l’ombre elle-même ou d’autres, au lieu qu’elle
cherche à décrire et à
représenter.
Dans mon travail, mon rapport avec l’ombre passe par
le papier et la trace de peinture. C’est en cela que je
vis l’expérience de
l’aspiration et du regard. Mais aussi
devant la présence d’une ombre (d’un reflet/d’une lumière) dans l’eau, dans un
miroir, dans
de grands rouleaux de papier, dans une
trace d’encre (ou d’eau) les traversant de lumière, dans le mouvement du vent,
le
regard, l’intention de l’aspiration,
que l’ombre m’est révélée.
Mon intérêt pour l’ombre dépasse mon
rapport aux traces de peinture pour concerner ce que l’ombre implique en
elle-même.
L’acte irréversible de ce qui ne pourra plus avoir lieu, le
déclic qui fait que tout bascule vers l’inconnu. Autrement dit, j’étudie
l’acte même d’ « ombrer » : l’expérience qui mène de l’ « être
» au « ne plus exister », l’instant qui fait que tout changement
est radical.
En ce sens, mon travail concerne la question
de l’éphémère, et celle du regard et de l’aspiration. Le regard de notre
existence,
le regard passé, le regard à venir, le
regard de la réalisation, le regard sur la vie, la pensée du destin et
l’intention de
l’aspiration…
Je m’attache
actuellement à tous les événements éphémères de l’acte de peindre, aux événements
qui exaltent l’amour pour
l’accident du pinceau (la trace de
pinceau/l’unique trait de pinceau), donc au rejet du regard.
Ma réflexion sur l’ombre et sa suggestion s’effectue au moyen du « peindre
» et du « regarder », de l’intention de
l’ «aspiration » et de l’installation.
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